France – Kenya : de la coopération classique à une coopération renforcée dans l’ère numérique
- Kolia LOUISON

- 11 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 27 sept.
Nairobi s’impose comme un hub africain des ONG, de la sécurité et de l’innovation. Face à ce dynamisme, la France redéfinit sa relation avec le Kenya : d’un partenariat diplomatique traditionnel à une coopération stratégique dans la cybersécurité, l’IA et les industries numériques.
Nairobi, capitale stratégique des ONG et de la sécurité
La capitale kényane est aujourd’hui un pôle majeur d’implantation des ONG et des institutions internationales. Cette concentration s’explique par :
une stabilité relative dans une région traversée par des crises (Somalie, Éthiopie, RDC),
des infrastructures diplomatiques et logistiques solides,
la place du Kenya comme hub est-africain de connectivité et d’affaires.
Cette densité d’intérêts internationaux a entraîné :
un boom immobilier : développement de quartiers d’affaires, de résidences sécurisées et de bureaux de standing,
un essor de la sécurité privée, nécessaire pour protéger expatriés et institutions,
et un partenariat sécuritaire croissant avec la France, notamment en matière de lutte antiterroriste et maritime dans l’océan Indien.
Le Kenya, hub industriel et numérique émergent
Le pays s’est taillé une réputation de Silicon Savannah, grâce à un écosystème tech foisonnant et au projet phare de Konza Technopolis : une ville intelligente conçue comme zone économique spéciale pour accueillir entreprises ICT, centres de R&D et infrastructures digitales.
Pour la France, ce dynamisme est une opportunité. Depuis 2015, Paris a financé plus de 150 projets pour 1,8 milliard d’euros, notamment dans :
l’innovation et l’entrepreneuriat,
les énergies renouvelables,
les infrastructures,
et la santé.
Le Kenya, pionnier des fintechs mobiles (ex. M-Pesa, 4G-Capital), est aussi un terrain privilégié pour l’investissement solidaire et les startups numériques, ce qui attire une nouvelle vague d’investisseurs français.
Cybersécurité, IA et robotique : piliers du partenariat renforcé
Cybersécurité
Face à la montée des cyberattaques, la France soutient un programme de renforcement des capacités nationales kényanes via Expertise France (3 M€ entre 2024 et 2027). Objectif : développer CERT, SOC et compétences locales.
Intelligence artificielle
En mars 2025, le Kenya a lancé sa Stratégie nationale IA 2025–2030, visant à devenir un leader régional dans l’IA appliquée à l’agriculture, la santé et l’éducation.La France s’affiche comme partenaire privilégié :
collaboration de l’ambassade de France avec la plateforme Omdena pour accompagner l’IA dans les entreprises locales,
participation kényane au Sommet de l’IA à Paris, affirmant un dialogue bilatéral stratégique.
Robotique et innovation technologique
Si la robotique reste émergente, le contexte d’innovation à Konza Technopolis ouvre la voie à des applications futures :
drones agricoles,
automatisation des villes intelligentes,
robotique de surveillance et de santé.
La coopération spatiale entre la Kenya Space Agency et Expertise France (accord 2024) ajoute une dimension technologique de pointe.
Défis et perspectives
Malgré ces avancées, des défis persistent :
infrastructures numériques inégales,
fuite des talents tech,
cadre réglementaire encore fragile pour la protection des données.
Pour réussir, la coopération franco-kényane doit s’appuyer sur :
des accords bilatéraux structurés sur l’IA et la cybersécurité,
des programmes de formation croisée (bourses, campus mixtes),
un fonds franco-kényan d’innovation verte et numérique,
et le prochain Sommet Afrique–France 2026 à Nairobi, qui doit consacrer cette relation renouvelée.
De la coopération traditionnelle à une coopération renforcée, les relations entre Paris et Nairobi se redessinent. ONG, sécurité, immobilier et numérique s’entrecroisent pour transformer la capitale kényane en un hub stratégique.
La France, en s’alignant sur les priorités locales — cybersécurité, IA, robotique et agriculture numérique — peut devenir un partenaire d’avenir pour un Kenya en pleine mutation.









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